Constat :
Depuis que votre enfant est revenu de l’école ce soir, c’est la guerre à la maison. Il ne veut pas coopérer que ce soit pour les devoirs ou pour ranger les jouets avec lesquels il ne joue pas. Tout est prétexte à ce que ça éclate : l’heure de passer à table, ou bien d’aller se laver. Et ne parlons pas non plus de l’heure du coucher, un moment très compliqué également.
Et c’est comme ça presque tous les soirs.
Et puis nous voilà samedi. Votre maman se propose de s’occuper de votre enfant pendant que vous en profitez quelques heures pour prendre du temps pour vous. Quelle aubaine ! Mais quand même, vous la plaignez votre maman, ça va être compliqué pour elle. Après quelques heures passées seule, ou avec des amis, à faire du shopping, une balade, ou tout autre chose qui vous aura détendu, vous rentrez à la maison, un peu stressée : comment se sera passée l’après-midi ? c’est certain, votre maman ne voudra plus jamais garder votre petit monstre …
En poussant la porte, le spectacle qui s’offre à vous est complètement différent de celui que vous vous étiez imaginé. Au lieu de trouver votre maman échevelée, la maison retournée et votre enfant en train de hurler debout sur le canapé, les voilà tous les deux attablés devant un jeu de société, dans un calme relatif avec autour d’eux une maison plutôt bien ordonnée étant donné l’heure qu’il est.
« pincez-moi je rêve » vous dites-vous en votre for intérieur.
Mais non. Et Mamie en rajoute une couche : « je ne l’ai pas entendu de l’après-midi », « il a été adorable avec moi », « les courgettes ? il les a mangées de bon coeur », « avec moi il ne fait pas le difficile » … pile au moment où ce petit ange, après vous avoir fait un gros bisou, se transforme en petit démon et recommence ses simagrées … « incroyable ! dès que tu rentres il devient infernal ! c’est parce qu’il sait qu’avec moi, ses caprices ne marchent pas. Tu devrais resserrer la vis un peu sinon il va prendre le dessus ».
Seriez-vous une mauvaise mère ?
Alors je vous rassure tout de suite, ça n’est pas le cas, bien au contraire !!!
C’est ce qu’on appelle la théorie d’attachement. Et une fois que vous aurez compris cette théorie, soyez-en sûre, ce sera beaucoup plus simple.
Je vous le promets, je l’ai expérimenté !
L’attachement c’est un réflexe archaïque qui permettait à l’enfant, dans la nature, d’éviter d’exprimer sa détresse et sa vulnérabilité en milieu étranger
l’attachement c’est aussi un besoin vital qui garantit donc la survie de l’enfant, mais qui lui permet aussi de réguler son stress et de développer une compétence très forte et importante pour les individus grégaires que nous sommes : l’empathie. Ainsi, grâce à sa figure d’attachement, l’enfant apprend à affronter les difficultés, à avoir confiance, et à avoir une bonne estime de soi.
Oui mais pourquoi dans la grande majorité des cas, la figure d’attachement principale est la mère ? pourquoi c’est toujours avec elle que l’enfant est terrible ?
Eh bien si l’on refait un bon en arrière dans notre histoire, à une époque où les dangers arrivaient de tous les côtés, il fallait que l’enfant n’ait pas à réfléchir vers qui aller pour chercher la protection. D’un coup d’oeil il savait où était la personne qui lui assurerait sa sécurité, celle qui s’occupe de lui depuis sa naissance : sa mère. Aujourd’hui, la figure d’attachement principale est la personne qui s’est occupée le plus de l’enfant dans les premiers mois de sa vie. Les faits sont scientifiquement prouvés, c’est la maman qui, en terme de temps passé, est la personne qui s’occupe le plus de l’enfant.
En gros, la figure d’attachement est la personne qui sera la plus à même de répondre aux besoins émotionnels de l’enfant. Ce besoin d’attachement est un peu comme une sonnette d’alarme. Quand elle s’active, l’enfant est physiologiquement incapable de l’arrêter seul, il a besoin de sa figure d’attachement. Et quand le besoin d’attachement est comblé, l’enfant se calme presqu’instantanément.
Et c’est là qu’intervient la figure d’attachement qui a un rôle non négligeable dans le développement des compétences sociales, émotionnelles et intellectuelles de l’enfant. Pour que celui-ci ait confiance en sa figure d’attachement il faut :
– que la figure d’attachement réponde aux besoins physiques de l’enfant : lorsqu’il demande à être porté, ou alors qu’il veut un câlin.
– qu’elle soit présente pour lui : c’est à dire être pleinement disponible lors de périodes de jeux, de lecture, ou lors d’une discussion
– qu’elle apporte des réponses cohérentes et prévisibles aux sollicitations : si l’enfant se fait mal par exemple, il doit savoir qu’il trouvera du réconfort auprès de sa figure d’attachement
– que les séparations soient limitées au maximum afin que le lien entre l’enfant et sa figure d’attachement soit très fort
– que la figure d’attachement apporte à l’enfant des repères, des soins et beaucoup de tendresse.
En disant (verbalement ou non-verbalement) à l’enfant : « tu n’es pas seul, je comprends ce que tu ressens, je vais t’aider à trouver une solution » on va lui apporter le cadre et le soutien indéfectible dont il a besoin pour se développer, il apprendra aussi à réguler ses émotions et à être sensible à la détresse des autres.
En revanche, si la figure d’attachement montre de l’impatience face au comportement inapproprié de l’enfant, ou répond à ceux-ci par de la colère alors l’enfant apprendra à ne plus manifester ses émotions « non-autorisées ».
Aujourd’hui, on n’est plus à l’époque des hommes préhistoriques où chaque jour était une survie. Pour autant, le besoin d’attachement se fait toujours ressentir. Durant sa journée loin de sa figure d’attachement (à l’école, chez la nounou, à la crèche)il va accumuler plein de tensions, positives ou négatives (des frustrations, de grandes joies, des disputes avec les copains) et il va les exprimer devant la seule personne qui continuera à l’aimer sans réserve et à le garder en sécurité. C’est donc pour cela qu’il se « décharge » au retour.
Et comment se traduit cette décharge ?
Souvent par des chouinages, des pleurs sans raison apparente, mais bien souvent à cause de sujets anodins qui sont des prétextes pour évacuer la pression.
Chez nous, le besoin d’attachement de Malo se traduit par un énorme besoin de contact physique : il veut être à bras tout le temps. Il arrive donc très fréquemment que je sorte le porte-bébé pour lui permettre d’avoir ce contact dont il a tant besoin tout en pouvant continuer à faire autre chose (parce que 16 kilos à bras toute la soirée, c’est compliqué^^) Du côté de Zélie, ça se traduit surtout par des chouinages au début qui se transforment très vite en crises de colère ou elle se met à hurler du plus fort qu’elle peut. Dans ces cas là, c’est très difficile pour moi d’intervenir, parce qu’au premier abord cela me met aussi en colère (voilà un travail que je fais sur moi depuis plusieurs mois, accepter de manière naturelle et accueillir les colères de ma fille. je vous en reparlerai prochainement si cela vous intéresse). Dans ce cas, les solutions que nous avons trouvées (et qui ne marchent pas à tous les coups avouons-le) sont de me mettre à sa hauteur, de rester à distance respectable, parce que si je tente de la prendre dans mes bras alors qu’elle est en pleine colère, elle ne se laisse pas faire et de lui parler. Doucement et calmement. Je lui dis que je comprends son état, que j’accueille sa colère et que dès qu’elle sera prête elle pourra venir me faire un câlin. Lorsque la tension redescend et qu’elle me rejoint on essaie de discuter pour savoir ce qui a déclenché la colère. Bien souvent elle me demande de prolonger ce moment en lisant un livre ou en faisant un jeu.
Comment faire pour accepter d’être la figure d’attachement ?
– tout d’abord il faut lâcher prise. C’est la clé. Sincèrement.
– il ne faut pas non plus se focaliser sur le prétexte qui a amené votre enfant à « exploser ». Non, le bain n’est pas en cause, c’est juste l’occasion pour votre enfant de relâcher la pression
– et surtout, surtout, remplir le réservoir affectif de votre enfant, sans modération. Pour cela, je vous renvoie à l’article que j’ai écrit il y a quelques mois sur le sujet ici.
Il est vrai que ce n’est pas un sentiment facile à vivre et à accepter, que notre enfant soit une petite terreur avec nous et un ange avec les autres, mais gardons à l’idée que ce comportement naturel témoigne du fait qu’il se sente suffisamment en sécurité avec nous pour se permettre de s’exprimer avec toute la force et la spontanéité dont il a besoin.
Pensez-y la prochaine fois que vous ferez face aux « crises » de votre enfant ♥
Merci beaucoup pour cet article. Je connaissais déjà la théorie sur la figure d’attachement mais il est toujours bon d’avoir une piqure de rappel surtout quand on passe par ces moments là.
exactement, je suis ravie que vous l’ayez apprécié:)
Oui moi ça m’intéresse un article sur comment accueillir les colères de son enfant! Merci pour ce bel article, il me fait vraiment du bien!!
merci pour vos encouragements <3