Attention, ouvrez bien grands vos yeux, car aujourd’hui, nous allons en prendre plein la vue avec un album aussi étonnant que magnifique.

Petit Renard est une invitation au rêve, mais au grand rêve, celui qui n’a pas de limite, celui qui se vit intensément.

Dès les premières pages, nous voilà plongés dans un décor surprenant. Très peu de mots, juste quand cela est nécessaire, et il est vrai qu’ils sont inutiles au début car le lecteur et l’enfant se fabriquent leur propre scénario en admirant ce mélange de photos et de dessins.

Petit Renard part à la poursuite de deux papillons violets. Au bout de la dune il tombe et c’est là que commence le rêve. Petit Renard redevient le bébé renard lové contre sa maman. Puis il grandit et à mesure que ses sens se développent les moments de jeux avec ses frères et soeurs aussi. Il continue de grandir et c’est un grand jour pour lui, il sort du terrier pour découvrir son environnement à travers une exploration terriblement sensorielle et rencontrer les autres animaux qui peuplent ce territoire : les petits comme les grands.

Et puis le petit garçon roux apparaît. Sur son vélo, le voilà qui traverse la forêt, observe les oiseaux, mange son goûter au pied de la dune, en face des daims.

Le rêve reprend. Papa et Maman mettent en garde Petit Renard : la curiosité est un vilain défaut. Il continue d’apprendre le monde, et un événement en particulier revient dans le rêve : lorsque Petit Renard et son frère se délectent de ce qu’ils ont trouvé dans un sac poubelle, puis la découverte d’un drôle de ballon. Le petit garçon roux est là, mais Petit Renard ne le voit pas, il continue de jouer jusqu’à ce qu’un bruit le stoppe, c’est le petit garçon qui a pris une photo du renardeau. Lorsque Petit Renard se trouve dans une fâcheuse posture, le petit garçon vient l’aider. Pourtant, on avait dit à Petit Renard de se méfier des humains si méchants. Ce petit garçon semble pourtant si gentil…

De nouveau, Petit Renard aperçoit les deux papillons violets. Il se lance à sa poursuite et arrive au bout de la dune avant de la dévaler.

Et c’est là que l’extraordinaire arrive : Petit Renard se voit. Oui, c’est bien lui qui est allongé dans le sable, immobile. Pourquoi ne se réveille-t-il pas ? Heureusement, tout est bien qui finit bien, Petit Renard se réveille à côté de ses frères et soeurs, et de ses parents aussi. On ne le reprendra plus à courir après les papillons violets.

Vous l’aurez compris, ce livre est différent de ce que nous avons l’habitude de lire. Il peut déranger parce qu’il fait appel à l’imaginaire, au mystérieux, au monde magique. Nous les adultes, pourrions être mal à l’aise parce qu’avec notre regard d’adulte, nous ne trouverions pas d’explication logique à cette histoire. Pourtant, Petit Renard a fasciné mes enfants, surtout Zélie qui aime rêver. Elle s’est imaginée sa propre logique. Nous n’avons peut-être pas compris la même chose, mais nous ressortons tout autant rêveurs de notre lecture.

Petit Renard est omniprésent dans les pages, mais il y a ce petit garçon aussi, tantôt nommé dans le texte, tantôt présent dans les illustrations, mais ignoré du texte. Et si, le petit garçon et Petit Renard n’étaient qu’un seul et même personnage ? Car dans le monde du rêve tout est permis, surtout aux imaginations les plus fertiles.

Le texte ne suit pas de progression temporelle logique. On sait que Petit Renard tombe et s’endort. On sait qu’à la fin il se réveille, mais le rêve en lui même est un délicieux bazar. Ses souvenirs se mélangent, on saute de l’un à l’autre sans transition.

Dès lors qu’on ouvre l’album, on se retrouve comme happé par l’histoire dans un mystérieux flottement. Les pages sans texte se suivent avant d’être interrompues par des pages en contenant.

Et ces illustrations d’une si grande originalité participent aussi à cet état de rêverie qu’on a du mal à quitter en refermant le livre.  C’est un mélange de photos monochromes (dans les tons turquoises) rehaussées de magnifiques illustrations de paysages et d’animaux avec notre petit renard qui illumine les pages avec sa couleur orange fluo.

J’aime la douceur qui se dégage des illustrations, la tranquillité du bord de mer et de la lisière de la forêt interrompue par le mouvement occasionné par les petits renardeaux, la balade poétique du petit garçon dans les bois, la curiosité des animaux qui observent ces magnifiques tableaux.

Alors si vous, les amoureux de la littérature de jeunesse, êtes curieux de vivre de nouvelles expériences, si vous n’avez pas peur de sortir des sentiers battus, je vous invite à suivre le rêve merveilleux de Petit Renard. A coup sûr vous aurez du mal à revenir dans le monde réel.

Ceci est ma cent-trente-neuvième participation au rendez-vous Chut, les enfants lisent.

Livre offert par les éditions Albin Michel Jeunesse

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