Dans le monde de l’enseignement et de l’Education en règle générale, Céline Alvarès ne manque pas de faire parler d’elle, depuis la sortie en 2016 de son premier ouvrage « Les lois naturelles de l’enfant », dans lequel elle détaille de manière très intéressante, l’expérience qu’elle a mis en place dans une classe de maternelle au sein d’une école à Gennevilliers

Les lois naturelles de l’enfant est un ouvrage qui m’accompagne depuis de nombreuses années et que je prends plaisir à relire parce que je le trouve très complet et passionnant.

Mais si Céline Alvarez fait la une aussi en ce moment c’est grâce à la sortie de son nouvel ouvrage « une année pour tout changer » et c’est celui-ci qui fera aujourd’hui l’objet de ma chronique.

Qui est Céline Alvares ? Diplômée en Sciences du Langage, elle s’intéresse très tôt au bilinguisme des enfants, puis à la pédagogie Montessori. Elle obtient le CRPE (le concours pour devenir professeur des écoles) en 2009 et est contactée par Monsieur Jean-Michel BLANQUER himself (le ministre de l’Education Nationale) afin de mener cette fameuse expérimentation pendant 3 ans dans une école de Gennevilliers, classée parmi les zones d’éducation prioritaire, période pendant laquelle elle introduira la pédagogie Montessori au sein de la classe. Cette expérimentation est un véritable succès et les enfants de sa classe enregistrent des progrès phénoménaux. Afin d’étayer scientifiquement son hypothèse, elle fait intervenir un neuroscientifique qui va observer et mesurer les mécanismes cérébraux des enfants, tant dans les domaines de l’apprentissage que du développement au sens large.

Au bout des trois ans, l’expérience n’est pas reconduite et Céline Alvarès quitte l’éducation nationale. Elle n’en reste pour autant pas là et anime de nombreuses conférences pendant lesquelles elle reviendra sur l’expérimentation de l’école de Gennevilliers et surtout sur l’importance de prendre en compte les récentes découvertes en matière de neurosciences au sein de l’Ecole.

C’est ainsi qu’elle passera la frontière à la demande de la Ministre Belge de l’Enseignement afin de former 750 professeurs des écoles le temps d’une année scolaire. Pour cette formation, en 2018-2019, Céline Alvarès va alors accompagner trois enseignantes en particulier, deux en maternelle et une en primaire. Ce sont ces accompagnements que Céline Alvarez va filmer et retranscrire afin de les présenter aux fameux 750 professeurs. Devant la réussite de cette nouvelle expérience, Céline Alvarez prendra alors le parti d’écrire et de faire publier son ouvrage au plus vite afin qu’il soit prêt pour la nouvelle année scolaire qui commence en septembre 2019.

Une année pour tout changer et permettre à l’enfant de se révéler.

Voilà donc le titre entier de l’ouvrage. Il raconte donc la vie scolaire de trois classes (deux maternelles dans la même école, et un CP dans un autre établissement) durant une année. On suit le quotidien des trois enseignantes, avec leurs doutes, leurs questionnements, leurs certitudes et leurs remises en question.

C’est un livre qui se lit vraiment très facilement, beaucoup plus simple selon moi que Les Lois Naturelles de l’Enfant que je qualifierai davantage d’ouvrage scientifique. Ici on est vraiment dans le pratico-pratique. Il est divisé en deux parties.

La première,d’une trentaine de pages, rappelle quelques notions en terme de neurosciences avec un focus en particulier sur les fonctions exécutives et sur la posture de l’éducateur.

La seconde partie traite donc des changements opérés dans les trois classes. Pour plus de lisibilité, elle est elle-même divisée en sept chapitres : relever le niveau, optimiser l’espace, trier les activités, installer l’autonomie, la grâce des premiers jours, le désordre fécond des jours suivants et une entrée naturelle dans la lecture. Ces chapitres détaillent la mise en place de la pédagogie Montessori dans les classes avec toutes les contraintes qu’une salle de classe classique peut occasionner (en matière de déplacements et de matériel notamment).

On suit vraiment la progression en même temps que les enseignantes et surtout on se voit mis devant les mêmes problématiques qu’elles ont du essuyer, j’ai trouvé cela passionnant. En effet, dans la plupart des ouvrages traitant de la pédagogie Montessori (à l’école ou non), on ne voit que le bon côté des choses, on explique la progression à instaurer dans la présentation du matériel, il y a quelques pistes pour l’aménagement de l’espace, mais aussi pour la posture de l’éducateur. Mais très peu abordent les soucis que peuvent rencontrer les enseignants (ou les parents dans le cadre de l’IEF et du co-schooling. Céline Alvarez a ainsi naturellement mis le doigt sur un sujet qui n’est pas suffisamment développé ailleurs : qu’en est-il du côté intuitif de la pédagogie Montessori ? Intervient-elle tout le temps comme celle qui va sauver les classes et les enseignants ? Les exemples des trois classes nous montreront que non, en effet, elle n’est pas naturelle et elle demande une adaptation, de la part des éducateurs, et de la part des enfants.

Par ailleurs, l’un des gros points positifs de cet ouvrage selon moi, c’est que Céline Alvarez a compris que la pédagogie Montessori n’est pas figée dans le temps et qu’elle ne demande qu’à évoluer en même temps que notre société mais aussi des découvertes scientifiques. Je suis heureuse d’apercevoir sur les photos des outils, du matériel très récent qui prouvent vraiment qu’il est important de s’adapter.

En revanche, il y a aussi plusieurs choses qui m’ont dérangées dans cet ouvrage.

Pour commencer, j’ai été très surprise du style d’écriture du livre, bien différent du premier. En effet, il est vraiment très facile à lire et ça c’est un atout indéniable pour un ouvrage aussi riche et complet. En revanche, je trouve que l’on sent qu’elle a voulu se dépêcher de le terminer afin qu’il soit publié en septembre 2019, je trouve le style très brouillon, avec des phrases courtes, mal formulées, et surtout plusieurs fautes d’orthographe et de syntaxe. Pour un ouvrage traitant de l’Education, je trouve cela moyen.

Et puis, j’ai été dérangée par le placement de produit qu’elle fait tout au long de son ouvrage. Il faut savoir que pendant cette année de formation en Belgique, Céline Alvarez a créé plusieurs supports : des livres de première lecture, mais aussi des lettres mobiles magnétiques. Ce matériel ne me convainc pas du tout et je vais vous expliquer pourquoi.

En ce qui concerne les livres de premières lectures, j’ai cette impression qu’elle souhaite surfer sur la vague de ce qui fonctionne actuellement, en y ajoutant une petite nouveauté. Les livres qu’elle a donc écrits sont des réécritures de contes traditionnels, mais tous les mots sont en majuscules. Les lettres magnétiques le sont également. Honnêtement, malgré ses explications (assez succinctes dans le livre d’ailleurs), je n’arrive pas à saisir l’intérêt de mettre en avant ce type de graphie. Les enfants sont très tôt mis en relation avec les majuscules, mais pour autant, petit à petit il est nécessaire d’introduire le script et les cursives parce que la majorité des choses qu’ils vont avoir à lire seront dans ces graphies là. Très peu de choses sont écrites en majuscules, hormis peut-être les devantures des magasins. Je trouve qu’il aurait été plus judicieux d’insister davantage sur le script et/ou le cursif. Pour ma part, j’ai plutôt l’impression qu’elle surfe sur sa notoriété pour commercialiser son nom.

Avant que je ne me décide à acheter ce livre, j’avais lu et entendu de nombreux avis le concernant. Les uns en étaient plus que ravis, tandis que les autres étaient extrêmement déçus. J’ai donc voulu me faire mon propre avis au lieu de continuer de lire ceux des autres. Et je ne regrette absolument pas cette lecture. Il ne m’a pas appris beaucoup en terme de connaissances parce que je suis déjà bien renseignée sur la pédagogie Montessori, mais cependant, il m’a surtout permis de me rendre compte qu’à mon échelle toute relative de maman de 2 enfants pratiquant le co-schooling, je rencontre les mêmes problématiques que les trois enseignantes. Ainsi, j’ai pu me questionner sur la pertinence des ateliers que je propose à mes enfants et surtout aller encore plus loin dans mes questionnements et réflexions.

 

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