La littérature de jeunesse, n’est pas le cousin pauvre de la littérature, n’allons pas croire qu’un livre pour enfant soit dénué de sens ou d’intérêt. En effet, dès lors que nous creusons un peu, l’on découvre alors une multitude de thématiques, de figures de styles, de formules très spécifiques.

Aujourd’hui je voudrais vous parler d’un style tout-à-fait particulier dans la littérature de jeunesse : les contes en randonnée.

Commençons déjà par définir le conte en randonnée afin que nous parlions tous le même langage.

Un conte en randonnée est un album de jeunesse dont la structure est parfaitement reconnaissable puisqu’elle contient un personnage principal et une situation qui déclenche un problème. Afin de résoudre le problème, le personnage principal va donc rencontrer une série de personnages, de situations ou d’événements.

Le conte en randonné peut être de deux types :

  • l’accumulation : de personnages ou d’objets au fil de l’histoire
  • la répétition de rencontres et d’événements qui vont lui permettre d’affiner sa perception.

Dans « Un peu perdu » de Chris Haughton, le bébé hibou tombé de son arbre part à la recherche de sa maman et rencontre différents animaux qui voudront l’aider : nous sommes là face à une structure répétitive.

Dans « La moufle« , les animaux arrivent un à un et cherchent à se réchauffer dans la moufle jusqu’à la chute de l’histoire : ici c’est une accumulation.

Ce qui participe à la spécificité des contes en randonnée, c’est certainement la présence d’une formule répétitive, une phrase, ou une structure de phrase répétée à chaque page permettant ainsi à l’histoire d’être très rythmée. Et c’est à ce moment là que votre jeu d’acteur/actrice prend tout son sens pour captiver votre auditoire !

Dans « Oups » de Suzi Moore, on suit 3 animaux qui ne savent plus crier. Ils partent à la rencontre de la vieille dame qui saura remettre tout cela en place. A chaque situation, le texte commence de la même manière « elle ouvre son livre de magie et y plonge son nez. Elle jette un sort mais la maison commence à trembler ». L’occasion pour le lecteur de jouer sur sa voix, et sa gestuelle de sorte que les enfants savent qu’à ce moment là, il va se passer quelque chose ! Et ainsi l’auditoire est heureux de s’être préparé à entendre le souci que ça va poser.

De même qu’il existe deux types de contes en randonnée, sa structure peut être de différents types :

  • une accumulation ou une répétition en aller-retour. Dans ce cas, il y a une rupture dans l’histoire qui oblige le protagoniste à rebrousser chemin.
  • une accumulation ou une répétition dans un seul sens. La chute de l’histoire correspond à la rupture.
  • une accumulation ou une répétition dans le sens inverse. On part de la chute pour arriver à l’origine du problème

Dans « le Gruffalo » de Julia Donaldson et de Alex Scheffler, la petite souris rencontre le renard, le hibou et le serpent avant de tomber nez à nez avec le Gruffalo. Pour se sortir de ce pétrin, elle est obligée de refaire le chemin inverse et de revoir le serpent, le hibou et le renard.

Dans « Le loup est revenu » et sa version racontée par le loup « je suis revenu » de Geoffroy de Pennart, les convives s’accumulent dans la maison de Monsieur Lapin jusqu’au moment où le Loup arrive et sonne la chute de l’histoire.

Mais comme toute histoire pour enfant, le conte en randonnée n’est pas si simplet qu’il n’y paraît et permet d’aborder toutes sortes de notions qui donnent un sens à l’histoire et à la vie de l’enfant.

  • tout d’abord, il faut souligner le côté humoristique de l’histoire. Le ou les personnages se retrouvent dans des situations cocasses, on est bien content que ça ne nous arrive pas à nous. L’enfant peut alors déplacer ses propres peurs sur les personnages et ainsi étudier comment ils s’en sortent.
  • les contes en randonnée accordent une grande importance au langage oral, nécessaire sinon primordial pour que la lecture soit une réussite. Le jeu d’acteur, l’élocution et la maîtrise du rythme sont des atouts essentiels pour une lecture efficace.
  • les contes en randonnée prouvent que l’interaction avec les autres est nécessaire pour résoudre un problème. Cela incite donc les enfants à se rendre vers les autres plutôt qu’à rester seuls
  • dans certains cas (notamment la moufle par exemple) le conte en randonnée permet de travailler différentes notions : du plus petit au plus grand, du plus proche au plus loin … En règle générale, les contes en randonnée sont très appréciés des enseignants car ils permettent une multitude d’activités connexes.
  • les contes en randonnée explique que tout événement a une cause et que ce sont les choix des personnages qui orientent la suite des événements.

Je ne vous cache pas que j’ai un gros faible pour les contes en randonnée, ce sont ceux que je préfère lire parce qu’ils permettent une réelle interaction entre le lecteur et l’auditoire. D’ailleurs, il n’est pas rare que mes enfants racontent l’histoire en même temps que moi puisqu’ils ont saisi les petites formules répétitives qu’ils énoncent comme une chansonnette. C’est aussi l’occasion pour moi de montrer tout mon talent (hum hum) de comédienne. C’est un exercice qui me plaît énormément (dans l’intimité de nos lectures familiales  ! je ne me risquerai pas à faire cela en public^^) et je prends certainement autant de plaisir à lire et à jouer ces contes en randonnée que mes enfants ont à les écouter.

Je vous propose une petite liste non exhaustive de nos contes en randonnée préférés :

N’hésitez pas à étoffer cette liste en proposant en commentaires les contes en randonnée que vous ou vos enfants préférez 🙂

Un commentaire sur “Les contes en randonnée”

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