Sur la feuille, il n’y a rien qui ressemble plus à un mot qu’un autre mot. Un nom à côté d’un verbe ou d’un adjectif, ce n’est jamais qu’une suite de lettres posées les unes à côté des autres dans un ordre précis.
Et puis la pédagogie intervient et d’un coup, tout devient plus clair et plus évident ! Les noms sont des triangles noirs, les verbes sont des ronds rouges …
Chaque symboles (ils sont au nombre de 9) a un sens et on prend plaisir à raconter son histoire pour mieux comprendre la nature des mots, c’est à dire leur identité.
Mais que signifient chacun des symboles ? Quel est le véritable intérêt de manipuler de petites pièces de bois pour faire de la grammaire ?
Voici les deux questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cet article.
La signification des symboles.
Lorsqu’on présente les symboles grammaticaux aux enfants, dans une ambiance Montessori, on leur montre des formes en 3 dimensions telles que celles que vous pouvez voir sur la photo suivante. Ce sont ces formes qui symbolisent les natures de mots. Les petits symboles en 2 dimensions permettent une manipulation plus simple.
Ainsi, la pyramide noire qui symbolise le nom, est aussi représentée par un grand triangle noir.
1. Le nom
Le nom est représenté sous la forme d’une pyramide noire ou d’un triangle noir. La forme pyramidale représente la stabilité : le nom est bien campé sur sa base dans la phrase. La pyramide est aussi le premier grand monument érigé par la main de l’Homme.
La couleur noire représente le carbone, le premier élément découvert par l’homme.
Premier monument … premier élément … La forme et la couleur du nom ont donc une valeur historique : le nom est le premier mot prononcé par l’homme préhistorique.
Tous les mots qui ont un rapport avec le nom seront représentés par une pyramide / un triangle : ce sont les éléments du groupe nominal.
2. le déterminant.
Le déterminant est un petit mot qui accompagne les noms communs et certains noms propres. Il permet de savoir le genre (masculin ou féminin) et le nombre (singulier ou pluriel) du nom. Même s’il a sa place grammaticalement parlant dans la phrase, si on l’oublie, la phrase, bien que grammaticalement fausse, reste compréhensible : « je mange belle pomme rouge« .
Le déterminant est représenté par un petit triangle bleu clair.
3. l’adjectif.
L’adjectif donne des informations sur le nom. Il est important car il permet d’enrichir la phrase, mais il n’est pas essentiel à la bonne compréhension de la phrase, d’où sa taille, plus petite que le nom et sa couleur, plus claire.
En effet, partons de la phrase « je mange la belle pomme rouge« . Si l’on ôte les adjectifs : « je mange la pomme« . Rouge, verte, petite,… on ne sait pas comment est la pomme, mais on sait qu’on parle d’une pomme. Si on ôte le nom : « je mange la belle rouge« , là c’est plus problématique pour comprendre : qu’est-ce qui est beau ? Et rouge ? la belle table rouge ? la belle chenille rouge ? La phrase n’a aucun sens.
4. Le pronom.
Le pronom remplace le nom. Il y en a 6 sortes.
le pronom personnel qui désigne une personne, une chose qui parle ou dont on parle. Par exemple au lieu de dire « Les filles mangent les pommes. » On remplace « Les filles » par « elles » et « les pommes » par « les » : Elles les mangent. Ca évite les redondances dans le récit : au lieu de dire « les filles ont trouvé des pommes, donc les filles mangent les pommes« , on va préférer écrire « Les filles ont trouvé des pommes donc elles les mangent« .
Le pronom possessif qui va remplacer une personne ou un objet dont on connaît l’appartenance : on remplacera donc « mes pommes » par « les miennes« .
Le pronom démonstratif qui va remplacer une personne ou un objet clairement identifié : on remplacera « ces pommes » par « celles-ci » par exemple.
Le pronom indéfini qui va remplacer une personne ou un objet non identifié (c’est vague) : on remplacera « des pommes » par « certaines » ou encore « beaucoup » …
le pronom interrogatif, qui comme son nom l’indique permet de poser une question : « Je vais acheter des pommes, je prends lesquelles ?«
le pronom relatif qui va introduire une proposition subordonnée relative : « j’ai mangé une pomme, laquelle avait des vers« .
Le pronom est symbolisé par un triangle rose foncé. La taille du triangle est plus importante que l’adjectif, mais moindre que le nom car il remplace le nom dans la phrase.
Le nom, l’adjectif, le déterminant et le pronom appartiennent au groupe nominal !
Dans les exercices de grammaire Montessori, on peut aussi rencontrer un autre symbole : un grand triangle noir avec le sommet bleu clair : c’est le nom propre. On le différencie de cette manière car en règle générale, le nom propre ne s’utilise pas avec un déterminant (il est donc inclus dans le nom) : Serge, Paris, … bien entendu, il y a des exceptions (comme toujours dans la langue française), mais de manière générale le nom propre ne s’utilise pas avec un déterminant. Pour expliquer la différence, je dis aux enfants que le nom propre est coiffé (triangle bleu) et sa coiffure c’est la majuscule.
Allez, on passe au groupe verbal, composé de deux mots : le verbe et l’adverbe.
5. Le verbe
Le verbe est représenté par une boule/ un rond rouge.
La boule peut avoir deux explications : rond comme le soleil qui est à l’origine de la vie sur Terre, et sa forme qui lui permet d’être toujours en mouvement : la boule roule, ne reste pas en place, se déplace partout. :
La couleur rouge représente aussi la vie, c’est la couleur du sang qui permet au corps de bien fonctionner.
Une boule rouge donc, vivant, mobile comme le verbe qui permet d’indiquer l’action de la phrase (exception faite des verbes d’état, mais une fois qu’on a compris le rôle du verbe, on peut le transposer au verbe d’état).
6. l’adverbe
Comme son nom l’indique, l’adverbe est rattaché au verbe. Il donne des indications sur le verbe (oui, je sais, pas que… mais on y revient tout à l’heure).
Les adverbes sont donc des ronds, plus petits et plus clairs : de petits ronds oranges.
Les adverbes sont toujours invariables ! D’ailleurs dans ma précédente phrase, il y a un adverbe, saurez-vous le retrouver ? (allez je ne vous laisse pas plus longtemps chercher, c’est le mot « toujours » !). L’adverbe donne donc des indications sur le verbe : pour le retrouver on peut se poser la question « comment la chose se fait » : Je mange rapidement ma pomme : comment je mange ma pomme ? rapidement (ça aurait pu être lentement, proprement, silencieusement …) Rapidement est donc l’adverbe.
L’adverbe peut aussi donner des renseignements plus précis sur l’adjectif (la pomme est vraiment bonne) ou sur un autre adverbe (Je vais manger la pomme très bientôt).
En fait, l’adverbe permet d’intensifier ou au contraire nuancer la phrase. Il y a des adverbes de temps (je mangerai ma pomme demain), il y a des adverbes de lieu (Je mange ma pomme ici), il y a des adverbes de manière (je mange lentement ma pomme.) et de quantité (j’ai mangé trop de pommes).
L’adverbe, on peut le supprimer de la phrase sans en affecter le sens. (La pomme est bonne – la pomme est vraiment bonne. Dans l’un ou l’autre cas, la phrase est compréhensible).
Ca, ce sont les principales natures des mots, ou tout du moins, les premières qui sont enseignées.
Il en reste encore 3.
7. L’interjection
Je commence par l’interjection car je trouve que le symbole est très intéressant : au départ, je trouvais que ça ressemblait au trou d’une serrure (avouez, vous y avez pensé aussi ^^), en fait ça n’a rien à voir : c’est un triangle surmonté d’un rond.
Un triangle … un rond … ça ne vous rappelle rien ? Mais oui !!! le nom (triangle) et le verbe (rond) ! Parce que dans la phrase, l’interjection joue à la fois le rôle de nom et de verbe !Le canard cancane. Coin coin ! « coin coin » c’est une interjection : ça rappelle le canard et l’action de cancaner.
Mais c’est quoi une interjection ? Ce sont tous ces petits mots, ces petites expressions assez courtes et très imagées. On y retrouve notamment les onomatopées : les bruits : aïe ! ouaf ! miaou ! Vroum ! Mais pas que ! Il y en a plein d’autres comme Ah ! ouf ! ... Elles permettent de rythmer le récit, de l’imager et de lui donner vie.
Le symbole peut donc aussi ressembler au point d’exclamation qui accompagne presque toujours l’interjection !
8. la conjonction.
La conjonction est une petite barre rose, comme un tiret, parce que c’est un mot outil permet de relier deux parties de la phrase. Ca peut être deux groupes de mots, deux mots, ou deux propositions… Quoi qu’il en soit, le symbole permet donc de faire le lien entre ces deux groupes de mots.
La conjonction la plus connue est la conjonction de coordination avec sa phrase mnémotechnique célébrissime : mais où-est donc Ornicar ? (qui permet de connaître toutes les conjonctions de coordination : mais, où, et, donc, or, ni, car)
Mais il y en a d’autres : la conjonction de subordination avec les mots que et si : la pomme que j’ai mangée. Je me demande si je peux manger la pomme.
9. la préposition.
Le symbole de la préposition est un pont vert qui va relier deux phrases. La préposition, comme son nom l’indique, se place avant le nom, le pronom, le groupe nominal, le verbe à l’infinitif ou l’adverbe. A la différence de l’adverbe, la préposition ne peut jamais être seule et si on l’enlève, on perd le sens de la phrase : La pomme est dans l’arbre. Si on enlève la préposition « dans », la phrase perd son sens.
Il y a plein de prépositions : des prépositions simples (à, dans, par, pour, avec, sans …) et des locutions prépositionnelles, qui sont composées de plusieurs mots (près de, à défaut de …)
Quel est l’intérêt d’apprendre la grammaire selon la pédagogie Montessori ?
Peut-être êtes vous comme moi ? Vous adorez la grammaire et les natures des mots n’ont aucun secret pour vous. D’un coup d’oeil vous les repérez dans une phrase et vous comprenez le sens des mots grâce à leur nature. Eh bien sachez que pour la plupart des personnes, la nature des mots est assez confuse. Comme je disais en intro de cet article, un nom, un adverbe, une préposition … ce ne sont que des listes de lettres ! Si je vous demandais de me donner la nature des mots de la phrase que vous êtes en train de lire, cela vous donnera peut-être du fil à retordre.
Les symboles grammaticaux viennent à notre secours pour identifier la nature des mots de manière très visuelle.
Dans la pédagogie Montessori, pour comprendre une notion, on part toujours de la manipulation concrète pour aller vers la notion abstraite ! Utiliser des symboles qui ont une histoire (celle que je vous ai racontée en première partie) et en connaissant cette histoire, en donnant vie aux mots (les verbes deviennent des boules rouges, je les vois se mettre en mouvement), on se représente mentalement tout un code qui permet de rendre la grammaire plus simple.
Dans une ambiance Montessori, l’enfant apprendra donc la nature des mots en manipulant ces petits symboles. Et il est tout à fait possible, chez vous, d’utiliser la même méthode sans dépenser d’argent : il vous faut juste du carton, des feutres, une bonne paire de ciseaux, un peu de temps, et de l’huile de coude. Ensuite à vous de réaliser une dizaine (voire plus) de symboles pour chaque nature. Et puis, vous êtes prêts à identifier la nature des mots dans une phrase.
En fait c’est comme un code secret : on va remplacer le mot par un symbole et à la fin, on aura une farandole de formes et de couleurs. Ainsi, il est plus simple de voir, d’un seul coup d’oeil, combien il y a de verbes dans la phrase car ils sont clairement identifiés, ou bien combien d’adjectifs et à quel nom ils sont rattachés !
Petit à petit, lorsque l’enfant manipule aisément les symboles, on peut alors les mettre de côté et n’utiliser que les mots. La notion est alors acquise.
Bref, quand on regarde une phrase avec des lunettes montessoriennes, on voit des triangles, des ronds … Des couleurs et des formes qui donnent vie aux mots et les font danser devant nous. C’est terriblement poétique, vous ne trouvez pas ?
Sur la boutique en ligne, il y a plusieurs documents qui permettent de travailler la nature des mots, selon la pédagogie Montessori, ou pas.
Merci pour le partage mon fils a commencé cette méthode en classe avec sa maîtresse et me l’a expliqué mais je n’ai pas bien compris. Mille merci